David JOLY
Division Ruins, 2017
David Joly est de ces artistes qui fouillent, décortiquent, analysent les traces que nous laissons. Dans le passé, dans le présent, il s’approprie nos débris, nos mythes, nos textes, les croisent et les transforment pour produire un art sensible et intelligent.
Les esprits combatifs 10, 2019-2020
D’un voyage à Madagascar il ramène le tourment d’une maladie. Peine que l’art va apprivoiser « La douleur c’est une aliénation, un moment où l’on peut devenir fou. C’est pendant cette période de souffrance que j’ai acheté de la peinture, poussé par une passion profonde et dure. » Désir de créer qui agit depuis « comme une trainée de poudre qui réembrase un feu étouffé. » . Repenser l’ailleurs. Forgé dans sa chair et dans son œuvre par les voyages, David Joly reste proche de ses terres natales et son passé culturel. Soucieux de faire réapparaître ce qui a pu être oublié, il renoue une production graphique avec des traditions orales, associes les cultures délaissées pour les refaire surgir dans le présent. « Je cherche à régénérer les mythes africains, les contes basques et d’autres oubliés en faisant des connexions graphiques ». Artiste polyvalent et curieux, ces travaux sont vecteurs de réflexions où l’intime côtoie l’universel.
Les esprits combatifs 11, 2019-2020/Division Ruins, 2017
Sur des bureaux d’écoles il créé des spectres de nos sociétés urbaines dans lesquelles nos mutations ont parfois abandonnées le rêve. « Retravailler sur les bureaux d’écoles où l’on exprime des frustrations pour les fertiliser en imaginaire ». La récupération des mythes et des matériaux, David Joly cherche le vécu, que les objets soient chargés d’histoire pour pouvoir les articuler, les faire renaître. « Vivre pour pouvoir exprimer », l’adage de David Joly nous entraine dans son œuvre où l’autre, l’ailleurs, nous interpelle et nous invite à une réflexion poétique. Mythologies connexes. Ses sujets lui viennent de ses expériences, de ses rencontres poétiques. Loys Labeque et Guy Tirolien, poètes basque et guadeloupéen dont il intègre les textes dans ses productions. David Joly, alchimiste de l’art et des cultures fait en permanence se rencontrer temples vaudou et forêts landaises, textes et peintures, formes et histoires pour construire un métissage unique dans sa capacité à exprimer. De la terre rouge africaine, du marais des landes où il habite, il en extrait la matière de ses créations. « Depuis que je vis dans la forêt, je vois ce mélange d’eau, de terre qui donne la vie, je ressens cette présence qui vient se coller sur mes toiles. » Sa série « Origines » va par empreintes, par apparitions, suggérer cette nature, comme force tellurique et créatrice.
The Wind Rises, 2013
La nature s’oppose et compose avec l’humain ici, dans ses tragédies et ses fantasmes, comme une présence, une constante d’un art qui cherche à exprimer des émotions, « Eprouver chez l’humain une logique d’instinct, de primitivité, qui va de la peur à l’extase, que j’ai envie d’évoquer ». David Joly combat l’ethnocentrisme en évoquant les peuples en mouvement, ceux que l’on exploite, ceux que l’on oublie avec la finesse d’un art polymorphe qui sait confronter en associant discernement et poésie.
Kevin Desloir – Artension mars 2020