Gastineau Massamba
February 12 through February 26, 2016
Jack Bell Gallery London
God Save the Queen, 2015.
About:
Born 1973, Brazzaville, Republic of Congo
L’artiste Gastineau Massamba a choisi la couture. Ses œuvres, il les trace patiemment, délicatement, point après point.
Il a choisi de nous parler de la guerre. Celle qui ensanglante son pays, décime les populations, ravage les villes. les guerres qui fleurissent de par le monde et condamnent des millions d’êtres humains à la misère, à l’errance.
Selfie or Utopia, 2015
C’est sur des pendrions de théâtre, ce lieu où se rejouent depuis des millénaires les drames du monde, que Massamba a décidé de coudre son triptyque.
Theater for the World, 2015?
Sur chaque surface noire, trois têtes, une noire, une blanche, une jaune, sorties tout droit d’un cauchemar vaudou. Leur regard est caché derrière d’énormes lunettes d’un rouge de sang frais. Les cous, les épaules vêtus de petites fleurs, elles paraissent en villégiature ces têtes d’épouvante. Elles sourient de toutes leurs dents. Elles en possèdent un paquet.
“Les guerres doivent exister pour faire tourner l’argent. L’argent des armes, l’argent des trafics de matières premières, le trafic des intérêts. Et tout le monde le sait, et tout le monde fait semblant de l’ignorer” nous dit dans «La pièce d’or», l’écrivaine Ken Bugul.
Fran ça fric (Françafrique), 2013
Les soldats s’accordent une pose. Ils rechargent leurs armes. Leurs rangers écrasent des têtes de squelettes. Qu’on lui donne le nom de guerre ou de révolution, pour Gastineau Massamba c’est partout la même boucherie.
Et partout les mêmes soldats, les mêmes têtes de morts qui nous fixent de leur vide oculaire, qu’il soit ici cavé ou là luminescent. Nous accusent-elles ? Nous avertissent-elles ?
De toute l’œuvre exposée le tigre est le seul à posséder des yeux. Ce fauve ne vit pas en Afrique et est réputé pour sa férocité. Mais celui qui nous fait face est un tigre bienveillant qui évolue avec délicatesse dans un univers de fleurs. Est-ce le paradis, le jardin d’Eden, dont toute l’humanité garde le souvenir ? Le tigre de Gastineau Massamba, tout en fil, doux et fragile, regarde derrière nous, au-delà de nous. Il fixe de ses grands yeux écarquillés quelque chose qui lui fait peur, très peur.
Margot D Marguerite écrivain (text KO21)